En commençant le conseil en entrepreneuriat en 2003 j’avais plein d’idées folles en tête : la musique gratuite, le taxi-colis, la dématérialisation des clés. Je n’avais alors pas conscience que la révolution numérique allait permettre tout cela. Je n’ai donc pas créé Deezer, je ne suis pas actionnaire d’Uber, je n’ai pas créé Keyper et je n’ai pas postulé au poste Innovative Product Owner d’Axa. Pourquoi ? Principalement parce que je ne suis pas ingénieur. Alors j’ai créé Sept Lieues, un cabinet de recrutement spécialisé sur les ingénieurs. Logique, non ? 

Dans mon métier il y a beaucoup de mythes et légendes urbaines. Mais le graal, la licorne, l’Everest du recruteur c’est le fameux recrutement sans CV. De nombreuses initiatives se développent autour de cette quête. Plateformes disruptives d’acquisition de candidats, réseaux sociaux non intrusifs, algorithmes de matching jobs / profils : de nombreuses pistes en sont à des stades plus ou moins matures. Les récentes levées de fonds et rapprochements de structures sur ce secteur en témoignent. Nous y sommes presque. 

Mais presque, à quel point ? 

En tant que vieux loup de mer du recrutement, j’ai toujours des profils de candidats qui trainent sur toutes les plateformes. Histoire de sonder le marché de « l’autre côté ». Et le fait est, que personne ne m’a jamais proposé d’entretien sans au préalable me relancer sur « pouvez-vous m’adresser votre cv à jour ». D’ailleurs je fais pareil quand je suis dans ma peau de consultant chez Sept Lieues. 

Pourquoi ? 

Sans doute parce que le recrutement n’a pas bougé depuis 40 ans. Ou pas vraiment.
Un gros coup de pied dans la fourmilière est-il alors possible ? Sans doute. Si Google s’y penche, ou qu’un petit génie trouve enfin la clé. Notre secteur frémit, il tremblote. Il explosera sûrement sous peu. Je n’aurais alors peut-être plus de travail. En attendant, je reste relativement bien placé pour vous trouver le job idéal, sans CV et sans entretien… (blague)