LE COIN DES CURIEUX

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Quand j’ai postulé pour mon stage, j’avais vu dans l’annonce qu’on y parlait de battre des records de lancers de fléchettes, j’avais trouvé ça fun, je ne savais pas dans quoi je m’embarquais…


Un mur, une cible, trois fléchettes; jusque là, rien d’incroyable… C’est ce que je pensais aussi.


Dès les premiers jours, je découvre l’une des activités principale de la pause entre midi et deux, le lancer de fléchettes. 

Au fil du temps, j’apprends peu à peu toutes les règles et les rouages de ce sport, toutes ses techniques, ses stratégies, et ses vices… On me dit que j’ai été chassé alors que j’étais sur le point de gagner, on remet mon score à 0, je ne comprends rien. On me dit que je fais un bon score alors que je plante mes fléchettes à des lieues du centre, je ne comprends plus rien.

On me dit que je dois payer 50 centimes parce que j’ai planté ma fléchette dans le mur, je ne cherche même plus à comprendre.


Et bien oui, les petites cases, les chiffres autour de la cible, tout cela à son importance, j’apprends que nous jouons au « Lapin chasseur » et que ce n’est pas le centre qui rapporte le plus de point ; à cet instant toute une partie de ma vie s’effondre mais je ne laisse rien transparaitre… Car c’est ce qu’ils cherchent, une brèche, une faille dans la cuirasse pour pouvoir s’y engouffrer, me déstabiliser. Il ne faut pas se fier aux apparences, ce jeu n’est pas ce qu’il semble être.

Derrière son côté « petite activité de détente pour passer le temps » se cache une face noire, faite de compétition, de dettes, de hargne, de coups en douce, de déceptions, de défaites, mais aussi de victoires. Des victoires qui comptent, qui signifient quelque chose ; derrière un apparent cri de victoire inoffensif qui marque la fin de toute la tension accumulée durant la partie, se cache la satisfaction personnelle d’avoir démontrer ses talents de tireur, d’avoir imposer sa domination, et surtout d’avoir réduit à néant, d’avoir écraser les espoirs de ses concurrents. Les dizaines d’euros qu’on laisse derrière n’ont, dès lors, plus aucune espèce d’importance.


Mais il ne faut pas s’y tromper, malgré toute cette compétition, ce jeu n’entraine en rien des tensions, au contraire, un esprit de groupe s’y développe, on souffre avec ses collègues, on partage leurs peines et leurs réussites, nos coeurs palpites ensemble à chaque fléchette lancée, bien que pas pour les mêmes raisons.

On espère la défaite de l’autre, mais on reconnait ses talents lors de sa victoire, car ici la chance n’entre pas en ligne de compte, seul la ligne de mire compte…

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