LE COIN DES CURIEUX

infos & life style

 

Retour sur 83 ans d'histoire...

 

Atos vient d’annoncer une OPA amicale sur Bull. En plus de 80 ans, l’histoire de Bull a été plus que mouvementée entre une fusion avec General Electric, une nationalisation puis une privatisation de la société. Bref rappel des périodes et dates clefs de l’un des pionniers des systèmes d’information.

 
1931 : une genèse européenne

Bull est créé en 1931. Au départ, la société commercialise des machines à statistiques appelées tabulatrices. C’est l’époque des cartes perforées. Les entreprises européennes y voient une alternative aux produits de l’américain IBM (International business machines). Les actionnaires de Bull sont français, suisses et belges. Les PDG sont recrutés parmi les officiers de l’armée française.

La société doit son nom à Fredrik Rosing Bull propriétaire du brevet des trieuses à cartes perforées en 1921. À l’époque, cet ingénieur norvégien cherche à accélérer les prises de décision de certaines sociétés d’assurance scandinaves. À partir de 1927, le Belge Émile Genon est propriétaire des droits relatifs aux brevets Bull, mais les revend au Suisse Oscar Bannwart qui construit la première machine Bull en 1929.La fabrication est transférée à Paris la même année.

 
De la deuxième guerre mondiale au début des années 60 : l’heure de gloire

En 1940, Bull met au point les premières calculatrices électroniques. Et en 1960, la société est classée neuvième entreprise française à la Bourse de Paris. « Bull est alors le deuxième constructeur informatique mondial et le numéro un européen » précise l’AFP. Elle se voit comme un rempart face à l’hégémonie américaine dans le traitement de l’information. C’est l’époque de la guerre froide. Le français vend ses équipements à l’Union soviétique, à la Chine et au Japon. Il pratique le prêt gratuit de machines et gère correctement le lancement de nouvelles générations de matériel en ralentissant les ventes. Entré dans l’entreprise en 1936, Joseph Callies sera PDG de 1948 (ou 1949) à 1964. Il développe le paternalisme social pour tirer parti du talent de chaque salarié.

 

Des années 60 au début des années 80 : la période américaine

Fini l’époque des tabulatrices et des cartes perforées, place à l’électronique, aux ordinateurs avec leur mémoire et leurs unités de stockage. Annoncé en 1957, mais lancé en 1961, Gamma 60 est le premier ordinateur multitâches (capable d’exécuter plusieurs programmes en même temps). Mais, trop compliqué à utiliser, il ne réussit pas à percer. C’est l’IBM 1401 qui rafle la mise.

Dans les années 62 et 63, c’est l’effondrement du cours de l’action et des bénéfices. Bull subit de plein fouet la bulle de l’électronique. L’américain General Electric (récupère 49 % du capital de la société. Les autres actionnaires sont français, la Compagnie générale des eaux, la Caisse des dépôts, la CSF. General Electric s’intéresse au haut gamme des machines et laisse la gamme moyenne à Bull.

En 1964, Bull devient une filiale de General Electric et s’appelle alors Bull General Electric. En 1969, Bull fournit les machines qui contrôlent les organes de la fusée Saturn V développée par la NASA. La société est alors présente sur les segments du calcul pour l’espace et la recherche en physique, mais ne propose pas de logiciels pour les entreprises.

1966. Au nom de la souveraineté nationale et pour la force de frappe nucléaire française, le général de Gaulle  crée de la Compagnie internationale pour l'informatique (CII) à partir de filiales des groupes Schneider, CGE et CSF. Un an plus tard, il lance le "plan Calcul", convention entre l'État et la CII pour développer des ordinateurs scientifiques et de gestion. L'aide de l'État sera reconduite sous son successeur, Georges Pompidou, dans un second "plan Calcul".

En 1970, GE cesse toute activité informatique. L’américain Honeywell rachète les parts de son compatriote et fusionne avec Bull. Au milieu des années 70, Honeywell Bull absorbe la CII pour devenir CII-Honeywell-Bull.


Des années 80 à nos jours : nationalisation puis privatisation

Puis c’est au tour de Saint-Gobain de prendre une majorité du groupe pour tenter la construction d’un IBM européen. « Saint-Gobain est alors un vaste conglomérat cherchant à prendre un tournant technologique », précise l’AFP. Le groupe se spécialise sur les serveurs moyens et haut de gamme.

En 1982, l’État nationalise Saint-Gobain et « détache le groupe informatique qui prend son nom actuel Bull ».  Bull naît du regroupement de CII-Honeywell Bull, SEMS et Transac. L’Etat français devient majoritaire dans le capital. En 1989, Bull acquiert Zenith Data Systems, constructeur américain de micro-ordinateurs, qu’il revendra en 1996 à la société Packard Bell NEC. En 1993, l’entreprise est en difficultés et l’État recapitalise l’entreprise dont il est l’actionnaire principal.

En 1994, la société ouvre son capital aux actionnaires privés. Aux débuts des années 2000, l’activité cartes à puces est revendue à Schlumberger, pendant qu’une partie des activités de services en Europe est récupérée par Steria. Le groupe se restructure, revient à la profitabilité en 2003 et en 2004, c’est la privatisation totale. Bull se spécialise dans les supercalculateurs (HPC) et concentre ses activités sur la France et ses voisins. En 2010, le Tera-100 succède au Tera-10. Comme lui, c’est le supercalculateur le plus puissant d’Europe. Il est installé au CEA et sert dans le cadre de simulation nucléaire.

Lors du printemps arabe, « Bull connaît un nouveau coup dur avec l'affaire Amesys, nom du système de surveillance d'internet vendu en 2007 à la Libye de Kadhafi par la société du même nom, que le groupe a rachetée en 2010. Une enquête pour "complicité de torture" a été ouverteen janvier 2013, écornant l'image du groupe alors qu'il recommençait tout juste à se reconstruire » rappelle l’AFP.

 

 

En janvier 2014, Bull lance un plan de développement pour devenir l’opérateur de confiance de la donnée en entreprise. Avec le programme One Bull, la société fait le pari du Cloud et du Big Data et veut s’appuyer sur ses trois compétences principales : le calcul haute performance, l’intégration d’architectures complexes et la sécurité.

En plus du secteur des HPC, la société est très présente dans les domaines de la sécurité (via sa filiale Evidian) et du Cloud (avec une solution Iaas et via sa filiale Agarik).Evidian, propose des solutions de sso (single sign on) pour les entreprises. Le salarié n’utilise alors qu’un seul mot de passe pour accéder à l’ensemble de ses applications. Et Agarik est spécialisée dans l’infogérance et l’hébergement Cloud. Elle accueille les SI (Système d’information) de clients comme Dassault. Son chiffre d’affaires 2013 s’élève à 1,262 milliard d’euros et à des activités dans plus de 50 pays.

En mars de la même année, l’organisation One Bull est mise en place avec deux segments d’activités : Data infrastructure et Data Management.

 

Et le 26 mai, Atos lance une OPA (Offre publique d’achat) amicale sur Bull. PDG d’Atos depuis 2009, Thierry Breton connait bien Bull. De 1993 à 1998, il est successivement nommé directeur de la stratégie aux côtés du président du groupe Jean-Marie Descarpentries, puis directeur général adjoint, administrateur et enfin vice-président du conseil d’administration.

Ajouter un commentaire

Loading